Wiki Musique classique
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Pins de Rome 2

Les pins de Rome

Les Pins de Rome (Pini di Roma en italien)est un poème symphonique composé par Ottorino Respighi.

Contexte[]

La première représentation de cette pièce a eu lieu le 14 décembre 1924 au théâtre Augusteo de Rome, avec l'Orchestra dell'Accademia Nazionale di Santa Cecilia sous la direction de Bernardino Molinari.

Cette pièce est la deuxième d'un triptyque évoquant Rome. Les autres étant Les Fontaines de Rome (1916) et Les Fêtes romaines (1928).

Respighi s’inscrit ici dans un prolongement des œuvres romantiques de la fin du XIXème siècle, et notamment Nikolaï Rimski-Korsakov (dont il fut l’élève), Giuseppe Verdi et Richard Wagner. L’influence de ces trois maîtres transparait respectivement dans les couleurs orchestrales, la verve flamboyante, et les épisodes pleins de mystères.

Cette pièce illustre en 4 tableaux les pins en différents endroits de Rome et à différents moments de la journée. Elle suit la structure rythmique d’une symphonie, mais pas sa forme. Respighi s’octroie une grande liberté de thèmes et de formes : chacun des 4 mouvements peut être qualifié de poème symphonique. Cependant, ils s’enchaînent sans coupure, ce qui renforce le sentiment d’escapade en ville, sur des sites proches mais bien différents.

Instrumentation[]

Bois
  • 3 flûtes ; 3ème flûte jouant piccolo
  • 2 hautbois ; 1 cor anglais
  • 2 clarinettes en si♭ et en la ; 1 clarinette basse en si♭ et en la
  • 2 bassons ; 1 contrebasson
Cuivres
  • 4 cors en fa et en mi
  • 3 trompettes en si♭ ; 1 trompette en ut en coulisses
  • 3 trombones ténor ; 1 trombone basse
  • 6 buccins en si♭ (2 soprano, 2 ténor, 2 basses)
Percussions
  • timbales, grosse caisse, caisse claire, cymbales, 2 petites cymbales, tam-tam, triangle, ratchet, tambourin, glockenspiel
Claviers
  • orgue
  • piano
  • célesta
Électronique
  • bande magnétique enregistrée (rossignols)
Cordes
  • 1ers et 2nds violons
  • altos
  • violoncelles
  • contrebasses
  • harpe

Structure[]

Les Pins de la Villa Borghèse[]

  • Titre original : I Pini di Villa Borghese
  • Indications métronomiques : Allegretto vivace

Le premier mouvement illustre des rondes et des jeux d'enfants, dans les jardins de la Villa Borghèse. La scène se déroule au petit matin, les enfants chantent des comptines et jouent aux soldats. Cette villa est l'héritage du patronage de la famille Borghèse, qui dirigait la ville de Rome au début du XVIIème siècle.

Respighi s'est inspiré de la mélodie anglaise Ring around the Rosie dont les dissonances sont mises "à vif" pour que les timbres et le rythmes brillent avec plus de dureté et de sécheresse. Les mouvements rapides des enfants, les jeux stridents (trompettes) saturent l'espace et la modernité de l'écriture apparaît de manière splendide.

Pins près d'une catacombe[]

  • Titre original : Pini presso una catacomba
  • Indications métronomiques : Lento

Le deuxième mouvement est un chant funèbre, fortement inspiré du chant grégorien. Il décrit une chapelle isolée dans la campagne romaine autour de laquelle des pins montent vers le ciel. Un hymne se fait entendre, comme semblant sortir de la catacombe, crypte souterraine dans laquelle les morts sont enterrés. Cet hymne sort au dehors en allant crescendo puis devient decrescendo, en retournant vers la catacombe.

Les cordes aigus commencent en exposant le thème avec une intervention des cors en sourdine. Le thème, que l'on peut comparer à du plain-chant, est ensuite réexposé à la flûte. Elle cède la place à une étrange déclaration de la trompette en coulisse, qui libère une sensation de distance, comme si elle était enfouie dans les catacombes. Une psalmodie mélancolique s'élève des profondeurs sépulcrale et un crescendo exubérant des violons permet de créer une sensation compositionnelle de préhension très esthétique.

Après l'exposition de la ritournelle grégorienne, les instruments graves de l'orchestre ainsi que la pédale d'orgue (16 et 32 pieds) prennent le relais et représentent le caractère souterrain de la catacombe, tandis que les trombones représentent les prêtres qui chantent. Le mouvement se termine sur l'un des rares solos de contrebasson du répertoire symphonique.

Les Pins du Janicule[]

  • Titre original : I Pini del Gianicolo
  • Indications métronomiques : Lento

Le troisième mouvement est un nocturne, qui se déroule sur la colline du Janicule. La pleine lune brille sur les pins qui poussent sur la colline du temple de Janus, le double dieu des portes et des clés ainsi que du Nouvel An. On y entend le bruissement des branches ainsi que le chant d'un rossignol.

Ouvert par une montée cadentielle de piano, ce mouvement est un long solo de clarinette auquel répondront successivement la flûte, le violoncelle solo et le hautbois. À la fin du mouvement, Respighi a exigé que soit passé le chant d'un rossignol, enregistré sur un phonographe, ce qui n'avait jamais été fait auparavant. La partition recommande l'usage de l'enregistrement n° 6105 de la Deutsche Grammophon "Il canto dell'usignolo" ainsi que du tourne-disque Brunswick Panatrope.

L'écriture de ce mouvement est bien "impressionniste" sans être particulièrement "française".

Les Pins de la Voie Appienne[]

  • Titre original : I Pini della Via Appia
  • Indications métronomiques : Tempo di marcia

Le dernier mouvement dépeint les pins le long de la Via Appia, l'ancienne route consulaire romaine. Au lever du soleil, les légions romaines triomphantes défilent fièrement vers le Capitole, prisonniers et blessés en tête. Cependant, on ne savait dire d'emblée si l'armée était victorieuse. Cet aspect historique est rendu dans la musique par un début indécis et une suite nettement plus allante.

Respighi voulait sentir la terre trembler sous les pas de son armée et donna à l'orgue la tâche de décrire, en utilisant, dans la tonalité de si bémol, les pédales de 8, 16 et 32 pieds. L'œuvre exige aussi l'utilisation des buccins (trompettes anciennes).

Un rythme martial lent et trépidant ouvre le quatrième mouvement, joué par un piano étouffé et les basses, puis les autres instruments se joignent un par un à la procession. Les clarinettes introduisent le thème principal du mouvement en alternance avec une réponse des cors bouchés, comme un appel donné au loin. Le cor anglais expose ensuite son solo, qui amène le retour du thème initial par les cuivres et les bois graves. La procession se fait de plus en plus forte lorsqu'approchent les soldats. Les instruments entrent successivement en dessus de trémolos des cordes et des bois, créant ainsi une frénésie inégalée. L'œuvre se termine par un final grandiose et triomphant des buccins de la légion sur le Capitole.

Réception et critique[]

Les amateurs de musique italienne du début du XXème siècle ont plus fortement résisté aux tendances modernes que les Européens de telle sorte que la musique italienne de cette époque était centrée sur l'opéra et délaissait clairement la musique instrumentale. Respighi avait pour ferme ambition de réfuter ce cliché et de prouver que la musique orchestrale était tout aussi intéressante.

Le public, offusqué par la nouveauté, hue les dissonances des trompettes dans le premier mouvement ainsi que la bande enregistrée des rossignols dans le troisième mouvement. Cependant, la marche triomphante qui conclut l'œuvre a emballé le public et le finale est accueilli par une ovation générale.

Les Pins de Rome furent joués avec grand succès dans toutes les grandes capitales européennes et sont même devenus un incontournable de concert outre-Atlantique.

Le compositeur de musiques de films John Williams admet que, comme Sergueï Prokofiev ou Gustav Holst, Respighi et les Pins de Rome ont été d'une grande influence sur son travail. La piste "Planet Krypton", entendue au début du film Superman, a été modelée à partir du 4ème mouvement des Pins de Rome.

Autres versions[]

  • Une réduction pour 2 pianos a été effectuée de la main du compositeur.

Enregistrements notables[]

  • NBC Symphony Orchestra, Arturo Toscanini, 1953
  • Chicago Symphony Orchestra, Fritz Reiner, 1957
  • The Cleveland Orchestra, Lorin Maazel, 1976
  • Boston Symphony Orchestra, Seiji Ozawa, 1987
  • Berliner Philharmoniker, Herbert von Karajan, ? (note de Stephanie von Buchau)
  • New York Philharmonic, Leonard Bernstein, ?

Utilisations dans la culture[]

  • La pièce est illustrée dans le film d'animation Fantasia 2000 par un ballet de baleines volantes. Cependant, la pièce n'est pas utilisé dans son intégralité : le deuxième mouvement, le chant du rossignol dans le 3ème mouvement ainsi que le solo de cor anglais dans le 4ème mouvement ne sont pas interprétés.
  • La pièce est utilisée dans son intégralité dans plusieurs courts-métrages comme Fireworks (Kenneth Anger, 1947) et A Movie (Bruce Conner, 1958)
  • Le tout début de la pièce est utilisé en featuring par le groupe américain Yes en introduction de sa chanson City Of Love (1983).
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